vendredi 24 mai 2013

Je suis simple. Pas comme un idiot, simplet, non juste pas compliqué. Pourtant j'ai souvent l'impression que je ne parle pas la même langue que les autres. Que je ne comprends pas tout ce qui se trame. J'ai longtemps pensé être un handicapé relationnel jusqu'au jour où j'ai eu le pressentiment que je n'étais pas seul dans ce cas. Ma différence réside dans le fait que je ne fait pas semblant d'appartenir à un groupe, mon angoisse de solitude est entière mais je persiste à espérer que quelque part quelqu'un comprendra ce que je tente de décrire ici avec bien peu de brio, je le crains.
J'ai donc décidé de créer cette fenêtre vers l'extérieur. Poser des mots dans le vide et espérer qu'ils seront lus et entendus. J'aurais du nommer ce blog une bouteille à la mer, ça ne m'est pas venu.
Il faut que je vous dise que cela a été une épreuve de trouver un nom qui soit à la fois à la hauteur de mon ego, sur dimensionné bien sûr, mais aussi un nom qui ne soit pas déjà apparu à un autre comme une fulgurance.
Autant vous prévenir, j'ai décidé que je ne déciderais de rien: c'est à dire que les sujets abordés ici seront le fruit de mon imagination limitée et donc je ne me priverais pas de développer une idée surgissante par crainte de ne plus avoir d'idée du tout.
Voici donc un récit que je vous livre ici:
Depuis plusieurs mois enfermé dans une suite ininterrompue de travaux où mon cerveau, un diesel, et mes mains, n'avaient fait que besogner, je soufflais quelque jours dans ma ville natale. L'envie de rien de spécial, juste respirer, sentir le cocon relationnel, souple et moelleux, m'entourer et me remplir. Arrivé depuis deux ou trois jours, j'avais passé l'étape du décalage culturel et je commençais de déambuler en solo. Réveil vers 11h, j'enfile mon jean, lunettes sur le nez, sweat sur les épaules, direction le café de la Louisette, sur la petite place où, quand j'étais minot, je venais faire du vélo. La plénitude, sentir ce soleil qui me réchauffe le visage pendant que le café brûlant descend lentement dans ma gorge. Peu à peu je m'anime, un bref instant de bonheur, brut, physique, et puis avec ma conscience en éveil, le souvenir qui remonte, tout. Et là, l'insupportable que je tentais de fuir ressurgit. Il y a presque un an, dévasté, incapable de soutenir un regard, et encore moins une conversation, je m'étais mis en jachère émotionnelle et décidé de dédier mon corps et mon cerveau à la réalisation de tâches mécaniques. Ma créativité sacrifiée, au moins ne me donnait de souffrance supplémentaire, j'avais simplement choisi de l'ignorer. Et je parvenais ces derniers mois, tant bien que mal, à m'y tenir. A chaque jour sa production répétitive, à chaque nuit sa dose d'ensevelissement dans l'oubli. J'étais si présomptueux que je m'imaginais venir à bout de cette version délabrée de moi-même sans l'affronter, juste par l'indifférence. C'est pas drôle, je sais, mais bon, il faut en passer par là, crois moi, cher lecteur.